Un tour en Afrique Australe

Le lendemain, départ pour la rando avec notre guide, Lucky (ou Lacky?), un jeune du coin de 25 ans, très sympathique, et qui nous raconte des tas de choses sur les us et coutumes des habitants. Les funérailles sont une affaire très importante dans ce pays : on comprend maintenant pourquoi on avait vu autant de boutiques "Funerals" au bord de la route ! Ils gardent le corps 3 semaines, le temps de faire passer l'info et de rassembler tout le monde, et ne peuvent entérer que le samedi. Il essaye de nous apprendre des mots de base en langage Sesotho (2 langues officielles ici, l'anglais et le Sesotho) : dumela (bonjour), chap'chap' (ça va), khotso/pula/nala (paix,?, prospérité, une manière de dire au revoir), tada (ça va ? en langage de jeun's), kialeboa (merci), adio (je n'en ai pas), lipompong (bonbon), etc. L'école avant et après le primaire est payante.
La rando est agréable, le soleil tape mais un petit vent rafraichit. En ce moment, il fait toujours beau, ciel bleu de chez bleu, et bon la journée (20/25°) et dès que le soleil se couche vers 17h45, le froid arrive tout de suite et on descend vers 5 degré environ. On traverse des villages, des cours d'eau, c'est assez rocailleux mais encore vert. Au Lesotho, toute la végétation est rase, il n'y a pas beaucoup d'arbre. Lors d'une pause dans un village, on s'amuse avec un groupe de 6 ou 7 gamins (environ 6 ans), surtout Lucky qui s'éclatent avec eux. Les gosses se régalent à chanter des tas de chansons, à danser avec Lucky, ça dure presque 45min. Un gamin en particulier ne cesse de répéter "Yes of course" et "Why not", à chaque question de Lucky (même à "Are you stupid ?", "Yes of course"), mˆeme posée en Sesotho. On rigole bien. Apparemment il a vu ça dans un film. On arrive vers 15h au village où on dort, c'est bien paumé, il doit y avoir 40 habitants. Notre hutte en pierre et argile est sommaire, on peut pas vraiment fermer la porte, des poules tentent de rentrer régulièrement, il y a des matelas qu'on pose à même le sol d'argile, on n'aura pas chaud cette nuit. En face c'est l'enclos des vaches pour la nuit. On discute ensuite pas mal avec Lucky. Une croyance d'ici est que les sorciers peuvent faire foudroyer les gens. Ennuyeux. Lucky, qui s'est fait foudroyé 2 fois déjà, est aussi très préoccupé par les différences entre éducation traditionnelle ("initiation") et classique ("regular"). L'école traditionnelle envoie les jeunes passer 6 mois dans la montagne, à se débrouiller seuls encadrés par des aînés. C'est devenu un business maintenant, ça a dérivé d'une tradition (gratuite) a une affaire payante, et les jeunes n'y vont plus vers 18 ans mais vers 13 ans, ce qui les coupe de l'école. Lucky nous a décrit ça comme une secte de gens dangereux, hideux et stupides qui peuvent te tuer si tu les croises dans la montagnes. Ca avait l'air de séparer la population en deux. Il nous a aussi demandé notre avis sur la circoncision, est-ce que ça protègerait du sida, car un de ses copains lui a recommandé de le faire pour ça. Le soir, autour d'un bon feu, repas lyophilisé pour nous et mil de ma¨is, poulet pour lui.Le lendemain, départ avant 7h30 pour la cascade (hauteur 100m) à 1 bonne heure de marche. On n'a pas hyper bien dormi, j'aurai bien mangé le coq qui criait en face de notre hutte. Pour nous accompagner, on a un sympathique gars du village mais qui ne parle pas anglais. Le retour avec Lucky au lodge nous achève, il fait très chaud. Ici, les gens qui se croisent se saluent toujours et échangent au minimum quelques paroles, voire démarrent une conversation qui ne se termine que quand les 2 intervenants se situent hors de portée de l'oreille humaine : en effet, quand 2 personnes se croisent, ils ont une coutume qui est de ne commencer à se parler seulement après s'être croisés et en général sans s'arrêter de marcher. En fait, ils se parlent donc souvent de dos ! C'est bizarre aussi la façon dont ils se dévisagent avec un air de défiance, sourcils froncés, avant de se saluer puis discuter jovialement ensuite. La nuit au lodge, et la douche chaude, nous permettent de retrouver un peu de confort.