Un tour en Afrique Australe

C'est reparti ... lever 3h45, le pick-up de Pemba-Tandanhangue nous ramasse, en pleine nuit donc. Nous montons, ravis, dans cet intérieur cuir aux sièges moelleux avec écran télé tactile personnel, et vitres teintés. Ah non, zut, c'était un rêve. En fait, nous sommes à l'arrière dans la benne, sur des bancs en bois avec des barres metalliques dans le dos (et pas de vitres bien sûr). Ensuite, on tourne pendant 2h dans la ville jusqu'à ce que le "camion" soit plein (à craquer). On fait bien 15 fois le tour. Personne ne comprendra jamais pourquoi, alors que le prix de l'essence est exorbitant (=celui en Europe), et que tout le monde perd son temps et se lève à des heures débiles, oui, pourquoi ça fonctionne comme ça au Mozambique. Ce n'est pas accessible à une pensée rationnelle. C'est sûrement historique, dirons-nous. Bref.
Même si les compagnons de voyage - tous mozambicains - sont sympas, et certains bien bourrés font rire tout le monde, le trajet est vraiment incomfortable au possible. Après coup je comprends mieux pourquoi ils se saoulaient en fait. Pendant 5h, nos petites fesses endurent les soubresauts du camion sur la piste, que c'est dur un banc en bois ... ! Il y a une bonne ambiance à l'arrière, un camarade nous propose un racine de manioc fraichement achetée au dernier arrêt : c'est pas mauvais, je dirais un petit goût de noix pas mure. Finalement, on arrive vers 11h au fameux baobab - il en est ainsi en Afrique - marquant le point d'embarquement vers l'île d'Ibo, porte de l'archipel des Quirimbas.
Décidément, nous sommes chanceux pour les correspondances, 5 min plus tard nous nous retrouvons dans une barque motorisée avec une douzaine d'autres mozambicains du coin. Une heure plus tard, après avoir vu défiler des paysages de mangrove à perte de vue, nous arrivons enfin sur Ibo, au détour d'un passage taillé dans la mangrove il y a bien longtemps par les portugais .
Un gamin nous guide vers notre refuge, l'hôtel Miti Miwiri. Ca sort un peu de notre budget, mais Jörg nous fait une remise et puis on en a bien besoin !! Les chambres sont superbes, tout est décoré avec beaucoup de goût, et l'accueil est plus qu'aimable. Un petit tour dans la ville nous rappelle un peu Ilha Moçambique, mais en moins vivant et encore plus en ruine que la fameuse vieille ville coloniale visitée il y a quelques jours. C'est très très calme. L'électricité est arrivée l'an dernier, pas de haut débit pour internet mobile ici. Le dinner servi à l'hôtel est absolument succulent (soupe de citrouille, langoustes), c'est génial. ça change du poulet/poisson/frites. Une bonne nuit nous permet de récupérer. Le lendemain, tour du village et des hébergements (très peu) disponibles. On apprend que Stéphane, le français qu'on esssayait de contacter depuis Pemba, est en fait à Madagascar et ne reviendra pas avant 10 jours ... bye bye le resto français et les excursions qu'il organisait. L'après-midi, kayak dans la mangrove, observation des oiseaux et des effets impressionnants de la marée (3m environ). A marée basse, Ibo triple de surface quasiment ! Nouveau dîner délicieux (crabe cette fois) et organisation des jours suivants : ça va être bien !